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Pont entre l'intime et le collectif, ce projet sous forme de processus, ce catalyseur de potentialités aurait enthousiasmé Edouard Levé qui débute œuvres par cette phrase : "Un livre décrit des œuvres dont l'auteur a eu l'idée, mais qu'il n'a pas réalisées."

 Sabrina Weldman (Beaux-Arts Magazine, Janvier 13)

A la fois conférence, répétition, concert et happening, ce travail aurait pu être la énième déconstruction d'une ruine et un éprouvant pensum. Mais Cojo est un constructeur. Au détriment du nombril, il a choisi la truelle. Il sait que le réel est transformé par les souris cybernétiques mais que l'on peut appréhender sur la durée avec un discours sur les petits pois du jardin. L'idée paradoxale de ces fragments est la défragmentation. Les petits pois du sens roulent sous la table et l'idée est de les rassembler dans l'assiette du réel. Ambitieux sur le fond et modeste dans la forme. Cojo, comme un plaquage au rugby transforme cet essai aussi touchant qu'expérimental"

Joël Raffier (Sud Ouest, 19 Janvier 13)

La truculence et l’humour sont de mise. Tout le monde est convoqué dans ce brainstorming manifeste et multimédia : Alain Bashung, singé sur la scène par le guitariste Christophe Rodomisto, qui pousse habituellement la chansonnette dans ces superbes adaptation de tubes façon Georges Brassens – et qui nous délivre d’ailleurs une version moustachue du Libertine de Mylène Farmer ; Gérard Depardieu, dont l’homonyme est soumis à la question-vérité ; Dominique A, happé dans les évocations d’entrée sur scène façon Johnny Halliday ; mais aussi Koh-Lanta, Hamlet et son crâne, le breakbeat, les ventilateurs, etc. Edouard Levé, bien sûr également, dont le principe de reprise fait l’objet d’une interview vidéo ubuesque, moment particulièrement choisi dans ce kaléidoscope de scènes plus féroces les unes que les autres, entre Renaud Cojo et un autre metteur en scène, ami d’Edouard Levé. « La mise en œuvre est parfois plus intéressante que l’œuvre elle-même », assène comme un truisme Renaud Cojo à son interlocuteur à l’écran. « Oui bien sûr », fait l’autre, dans un jet si cours qu’il dilue presque avec dérision la portée volontaire de la réflexion.

Car, Renaud Cojo sait aussi se moquer de lui-même dans ce questionnement qui nous incombe à tous. Ce verbiage intellectuel qui accompagne le processus, cette idée de concept, il s’en moque dans la forme. Il prend même à parti le public, le défie en jouant le pot de première sur le plateau. A l’époque des arts numériques, où le principe d’interaction avec le public devient presque inhérent à l’œuvre, Renaud Cojo teste le principe d’un public participatif. Il met la pièce en pause, et interroge directement ce dernier en s’asseyant sur scène. « Vous avez des questions ? », demande-t-il à l’envolée. On sent totalement l’honnêteté militante de Renaud Cojo, cet anticonformisme qui le pousse à mettre cette idée de prévalence de l’idée, du processus, sur l’autel du chantier de l’art, celui qui concerne tout le monde, comédiens, metteurs en scènes, institutions, public.

Laurent Catala (Mouvement, 22 Janvier 13) 

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