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En 2004, acteur au chômage, Bernard Blancan crée comme il le dit « un truc de looser », à savoir un site Internet et ouvre son blog : il s’y raconte sans s’y livrer, avec la distance amusée d’un analyste dilettante. Son investigation : le moi, le surmoi, le ça et finit par se poser l’inévitable question : ça c’est bien moi ce surmoi ?

Puis lui vient l’idée de mettre en scène la démarche abordée sur le web. Le résultat sera un bazar auto fictionnel où la guitare électrique, l’image détournée, les tentatives tout azimuts auront leur place.

Il est acteur, rêve peut-être aussi d’être chanteur mais en quoi est-il différent d’un agent d’assurance, d’un moniteur d’auto-école ou d’un livreur de pizzas qui rêvent eux aussi probablement,  d’un « autre chose » ? C’est autour de cette question que Bernard Blancan trouve sa place.

Son Prix d’interprétation à Cannes, en mai 2006, pour le film Indigènes ne lui a pas tourné la tête et n’a pas forcément alimenté son compte en banque. Il s’habille désormais avec une veste à rayures Trévira et paie régulièrement ses factures d’électricité. Son amour du métier, sa sincérité font de lui un acteur attachant, il  le prouve avec ce « standeupe ».

David Chazam pour les mélodies, Philippe Lespinasse aux images, il confie la mise en scène à Renaud Cojo avec lequel il a déjà travaillé sur plusieurs projets. Dans ce show, Bernard Blancan est enfin disponible à lui-même, au public, et son histoire est désormais sur le marché.

 

 

« Du théâtre, des images et de la chanson, ce mélange des genres sur une même scène n’est pas à proprement parler une expérience des plus novatrices. Un acteur qui se raconte, ça ne l’est pas davantage. Mais quand on monte une pièce de théâtre, est-ce qu’on se dit que c’est inutile sous prétexte que les Grecs l’ont fait dès l’Antiquité ?

 

J’ai voulu mettre sur scène la démarche que j’avais abordée sur le Web, avec un blog. Me proposer, moi, m’exposer, tel un anthropologue, à la fois comme objet d’observation représentatif d’autres êtres, et comme metteur en scène de cette observation. Je suis acteur, je rêve peut-être d’être aussi chanteur mais en quoi suis-je différent d’un agent d’assurance, d’un charpentier ?

 

Regardez-moi faire, chercher, douter, voyez la construction se faire, je vous ferai croire que je démystifie l’Acteur sacré, palmé… Mais, au bout du compte, j’utiliserai tous les artifices de mon métier pour me cacher encore davantage et tenter (vainement ?) de me rendre admirable !

 

Tout ça reste du spectacle et n’a pas d’autre prétention.

 

J’ai souhaité joindre Renaud Cojo à cette démarche. Je suis certain qu’il apportera sa propre lecture et surtout son regard distancié, proposant quelques clefs cachées. Nous venons l’un et l’autre du Théâtre en Planches de Villenave d’Ornon et avons partagé ensemble bien des expériences plus ou moins théâtrales : un Groupe Bien, une péniche qui s’amuse, du Lolicom (Manga Manga), un stage avec Claude Régy, une Marche de l’Architecte…

 

Mais quelle est la nécessité d’une telle entreprise ?

Depuis six ans que je vis à Paris, ma carrière s’est orientée vers le cinéma et la télévision. J’en suis d’ailleurs très heureux. Pourtant, le rapport direct avec le public me manque. La mise en danger n’est pas la même. Beaucoup plus immédiate et en retour instantané. Je pourrais me contenter d’attendre que les autres aient envie de me faire jouer sur des scènes mais il y a aussi cet artisanat, cette façon de vouloir toucher à tout, tout mêler qui m’animent et sont un outil d’expression que je n’abandonnerai jamais. Si, si, je veux chanter aussi !

 

Casser les images, arracher les étiquettes au passage me convient tout à fait. Plutôt que laisser les autres parler de moi sans mot dire, je préfère prendre part au débat et proposer une version tronquée, un regard amusé, des pistes qui dépassent largement ma simple personne. En parlant de mon métier, je parle de la galère, de l’humiliation, du bonheur, de l’amour, de la télévision, du cinéma, des gens… Contrairement à ce que peut laisser paraître ma démarche, je suis pudique et réservé. Et tiens à le rester.

 

Renaud Cojo en « appui-tête », et moi là sur la scène, ce « chez-moi » enfin disponible à votre lecture.

 

Bernard Blancan

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